Durant l’été 1941, en même temps que se développait sur le plan politique le "Front National de lutte pour la libération et l’indépendance de la France" (FN), le Parti communiste français lançait une entreprise du même style sur le plan militaire : l’implantation d’un mouvement militaire de masse à partir des groupes de défense de l' "Organisation spéciale" (OS) qui assuraient depuis l’été 1940 la sécurité des distributeurs de tracts du parti.
L’objectif fut d’abord de grouper tous les patriotes accomplissant des actions de francs-tireurs dans les villes, mais également de prévoir le développement de la lutte armée dans les campagnes.
Après en avoir longuement et vivement discuté, il fut décidé de créer les "Francs-Tireurs et partisans français" (FTPF) qui seraient la force militaire du Front national et de harceler l’occupant par des attentats et des actions de sabotage.
Ces actions furent d’abord, dès juillet 1941, effectuées par de petits groupes recrutés le plus souvent dans la main d’œuvre immigrée ou des anciens des brigades internationales (Pierre George "Fabien"), implantés dans la région parisienne, le Nord et le Pas de Calais. Il fallut cependant attendre en février 1943, le service du travail obligatoire (STO), pour provoquer un développement massif d’effectifs et d’actions.
Le responsable national des FTPF fut Charles Tillon d’un "Comité militaire national" des FTPF. Celui-ci comprenant notamment : Eugène Hénaff, Laurent Casanova, Albert Ouzoulias et René Vallet.
Le chef d’état-major fut, jusqu’à son arrestation, le professeur Marcel Prenant.
Les FTPF devaient, d’après Charles Tillon, "n’accepter le combat en ligne que dans les situations désespérées et adopter la tactique "de la goutte de mercure" qui dès qu’on veut s’en saisir s’éparpille en fines gouttelettes".
Après des débuts difficiles, faute d’armement, de munitions et d’expérience, c’est seulement fin 1942 que les FTPF étendirent leur action en zone "libre".
À Lyon, fut implanté le Comité militaire de la zone Sud (CMZ) dirigé par André Jacquot (Larzac), membre du Comité militaire national. Celui-ci coiffait ce comité composé de Francisque Jomard (Valbonne), Mathieu Puyo (Mérignac) et Boris Guimpel (Mailly).
L’organisation régionale et interrégionale des FTPF
À l’échelon de chaque département, le commandement FTPF était assuré par trois responsables :
La réunion de ces trois responsables formait le Comité militaire régional (CMR) et était placé sous la responsabilité du commissaire aux effectifs, (qui avait le contact avec le parti ou avec le Front national, et s’occupait également de la liaison avec la mission du SOE, chargé de leur parachutage).
Au comité interrégional, l’organisation était semblable :
Ce dernier comité militaire dépendait directement pour la zone occupée du comité militaire national des FTPF à Paris et pour la zone Libre du comité militaire de la zone Sud à Lyon.
L’organisation militaire
Le groupe de combat est la formation de base des FTPF comprenant sept hommes et un chef de groupe.
Pour assurer la sécurité et la mobilité, il était divisé en deux équipes de quatre hommes (y compris le chef de groupe). L’équipe de tête était commandée par le chef adjoint du groupe, et l’équipe de soutien par le chef de groupe.
Celui-ci a personnellement le contact avec les trois hommes de l’équipe de soutien ; par l’intermédiaire de son adjoint, il peut toucher les hommes de l’équipe de tête.
Les membres de l’équipe ou du groupe ne se réunissent que pour l’action ; ceci est seulement valable pour la ville. Ils se dispersent à la fin de l’opération et planquent leurs armes.
Par la suite furent créés des compagnies et même des bataillons, mais de grosses unités ne furent guère engagées avant la fin mai 1944.
Chaque compagnie était, par mesure de sécurité fractionnée en 4 ou 5 cantonnements distincts, parfois même éloignés. Elle était toujours dirigée par un triangle composé par le commissaire aux effectifs (qui avait le contact avec le parti ou le Front national), le commissaire aux opérations et le commissaire technique (armement, renseignements, santé).
Bien qu’hostile aux grands maquis de masse (plateau des Glières Vercors, Mont-Mouchet etc…), certains chefs FTPF apportèrent leur aide au plateau des Glières (deux détachements FTP "Liberté chérie" et "Maurice Coulomb".
Quant au Mont-Mouchet, le responsable du comité militaire régional des FTP d’Auvergne, ne put s’opposer malgré ses ordres à ce que des éléments FTPF rejoignent en mi-juin 1944 ce réduit.
183 partir du printemps 1944, les FTPF font partie en principe des Forces françaises de l’intérieur (FFI). En fait ils conserveront leur organisation propre et répugneront à révéler leurs forces véritables. Ils proclameront en même temps la nécessité de "l’insurrection nationale" organisée, non comme une levée en masse spontanée et anarchique, mais le combat de tous, avec comme slogan "tous debout à chacun son boche".
Bibliographie
- Auguste Lecœur - Le parti communiste français et la Résistance. Août 1939 - Juin 1941. Éditions Plon, 1968
- Guy Serbat - Le PCF et la lutte armée. 1943 - 1944 Témoignage de l’ancien commandant militaire en second des FTP de la zone Sud. Éditions l’Harmattan, 2001
- Charles Tillon, ancien commandant en chef des Francs-Tireurs et Partisans français - Témoignage pour servir à l’Histoire de la Résistance. Éditions René Julliard, Paris, 1962